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Le camion blanc, Movie, 1943 IMDB

Pictures provided by: DidierF

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Also known as:

  • The White Truck
  • Die silberne Peitsche (Austria)
  • Zigeunerwetten (Netherlands)
  • Biala ciezarówka (Poland)
  • Beli kamion (Yugoslavia)


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DidierF FR

2015-12-23 08:10

Ouah, je me suis éclaté à regarder et dépiauter ce film !

D'accord, la copie est dèg' (mais je crains que pour avoir mieux, il nous faille attendre encore bien longtemps), d'accord, le scénario c'est du Enid Blyton en à peine plus corsé, mais enfin, quel régal pour le reste. Et on entend les vrais bruits des bagnoles et du camion, j'en suis sûr.

Bon, il vous faudra attendre quelques heures pour voir le résultat (forcément décevant) de mon p'tit boulot parce que là, comme François Périer à la fin de son périple, il me faut un peu dormir.

DidierF FR

2015-12-23 18:30

C'était donc

[Image: joannon43camion001.jpg]
un film de Léo Joannon, écrit par André-Paul Antoine et Léo Joannon, dialogué par André Cayatte. Gilles Grangier est assistant-réalisateur (c'est peut-être sa première participation à un "film de camions", certainement pas la dernière).

Vous le voyez, le film comporte une intéressante petite collection de véhicules, c'était d'ailleurs le moins que le sujet pouvait nous offrir.

Il n'y a pas que ça. Je parlais un peu méchamment d'Enid Blyton, plus haut. Il est vrai que l'histoire a tout du roman d'aventures pour adolescents en culottes courtes bien élevés…

… François (Périer), un jeune mécanicien qui s'ennuie dans son village de la montagne, collé à un garage dont le patron est "riche" et ne verrait pas d'un mauvais œil qu'il épousât sa fille Germaine (Blanchette Brunoy), estime lui qu'il ne peut "épouser la dot" sans avoir d'abord fait ses preuves. L'occasion se présente quand Shabbas (Jules Berry), curateur des richesses des Gitans du Nord, lui propose de faire un long et mystérieux voyage à bord d'un beau et neuf camion blanc, voyage somptueusement rémunéré. François croit rêver. Il accepte et emmène dans l'aventure son pote Ernest (Jean Parédès). Il l'ignore mais ce voyage est un périple mortuaire, puisqu'il s'agit de transporter la dépouille du défunt roi des Gitans jusqu'à se dernière demeure, en Auvergne, après avoir parcouru en sens contraire les 12 000 kilomètres de route que le défunt emprunta au cours de sa vie. Et il ignore aussi que Courbassié (Charpin), conseil des Gitans du Sud qui (pour des raisons assez obscures) pourraient être lésés si ce voyage se déroulait en temps et en heure, a la nette intention de tout faire pour l'empêcher d'arriver à bon port.

François triomphera des épreuves, avec le secours de son copain, de sa fiancée qui s'est rangée à ses raisons, de l'industrieux Shabbas, bien sûr, et de son homme à tout faire (Edmond Beauchamp), mais surtout grâce à sa détermination, son courage, sa loyauté et son esprit chevaleresque, quoique celui-ci, accompagné de naïveté, l'ait presque conduit à l'échec face à la redoutable "Mme Dupont" (Mila Parély). Heureusement, le retors Shabbas veillait. Heureusement encore, la reine des Gitans (Marguerite Moreno en veuve momifiée mais à l’œil pétillant), lui donne le petit coup de pouce final, par un pieux mensonge.

Je viens de dire l'essentiel de l'argument, et l'essentiel de l'interprétation, à messieurs Charles Lemontier, Robert Berri, Bever et Maurice Schutz près.

Hélas, à la ravissante Mila Parély près aussi,
[Image: joannon43camion108.jpg]
qu'on voit si peu et si tard.

Vous le voyez, on est certes bien moins dans le roman de formation que dans le roman pour la jeunesse à visée morale. Mais c'est aussi ça qui régale ici, ce côté quasi innocent et frais, ce héros positif, cette présence des femmes sans trop de danger, cette confrontation à l'étranger (les Gitans) non dénuée de clichés mais totalement exempte de racisme : l'étranger est à connaître, pas nécessairement à aimer ou à suivre, ni a fortiori à mépriser et à combattre, mais à connaître.

Il y a même, fondées sur ces clichés, quelques scènes au début, avec Jules Berry d'abord, puis surtout avec un représentant du fisc (Bever), Charpin et ses mandataires Gitans du Sud, très drôles.

Bien entendu, tout n'est pas réussi, mais c'est d'abord dans quelques limitations techniques de la production (et probablement les conditions du tournage, nous sommes en à la fin de l'été 1942) que résident les principaux manques. On a peu de vues de la route avec routiers, le nombre de véhicules est limité (voyez le Berliet qui se multiplie) si celui des figurants ne l'est pas.

Mais ces petits ratages et quelques trous ou facilités du scénario s'effacent devant la conviction et le surjeu amusé des principaux acteurs, Périer (absolument dans la peau du héros), Berry (franchement, épatant ici), Blanchette Brunoy adorable, Mila Parély (que j'aime), et Marguerite Moreno qui fait un numéro aux limites de l'auto-parodie qui doit ravir les petits et les grands, pour peu que ces derniers se souviennent qu'ils ont eu dix ans eux-aussi.

Très satisfaisante découverte, pour moi, que ce Camion blanc.

Les lieux du tournage me sont inconnus, si ce n'est les Studios Éclair d'Épinay et Palavas-les-Flots pour la scène en bord de mer (censée se situer dans la Baie du Mont-St-Michel, c'est à dire en zone occupée à l'époque, ceci expliquant probablement la substitution).

Un dernier mot, en voyant le luxe de "dépôts d'essence" inouï dont est paré le film,

[Image: joannon43camion016.jpg]
[Image: joannon43camion064.jpg]
[Image: joannon43camion070.jpg]
[Image: joannon43camion072.jpg]
[Image: joannon43camion088.jpg]
[Image: joannon43camion101.jpg]
(et j'en oublie certainement) : je songe qu'un certain nombre d'entre-vous se régaleraient à voir cette rareté de film.

Completely 'escapist' movie, made in France in 1942. Of the super-innocent and naive kind, that kind that make nowadays censors frown. But it is so well acted and so fresh that… well, everything else is forgotten. Nicely done, Léo Joannon, … you treator!

[Image: joannon43camion049.jpg]

-- Last edit: 2015-12-29 12:54:18

LVCDC FR

2015-12-25 04:08

DidierF wrote (...)
Un dernier mot, en voyant le luxe de "dépôts d'essence" inouï dont est paré le film,
(...)


Déjà, un film sur ce thème (Tour de France à l'essence) quand pratiquement plus personne ne roule autrement qu'en gazogène (ou alors avec un quota de carburant si chichement mesuré), c'est gonflé.
Quand on sait qu'à la même époque Les Visiteurs du soir se font dans la plus grande difficulté -non par leur sujet qui aurait pu attirer les foudres de l a censure- mais parce que la nourriture du banquet disparaît à vue d'oeil entre les prises ...
Comment le public a-t-il pu percevoir cette débauche de la précieuse essence ???

DidierF FR

2015-12-26 11:56

Judicieuse question, LVCDC, à laquelle je ne peux répondre que par des conjectures, comme par exemple "ça le faisait rêver". Le film a une grosse tendance "escapist" (comme Les Visiteurs du soir, justement). Mais pas mal de monde a dû tiquer à voir ce rappel en creux des misères du présent.

(À propos du film de Carné, jetons un voile pudique mais néanmoins amusé sur sa capacité à attirer les foudres de la censure. Son "résistentialisme" n'a été dûment repéré et vanté qu'après la guerre, à mon avis par d'habiles agents publicitaires. Plus personne n'y croit sérieusement, et Carné et Prévert ont dû rire en coin à lire les choses là-dessus, le diable Berry-méchant-nazi face à la statue des amoureux France-martyre-mais-dont-le-cœur-bat-malgré-tout.)

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